Quand j’ai eu ma bourse de mérite

14 avril 2015

Quand j’ai eu ma bourse de mérite

Il était dix heures du soir.
J’ouvris le tiroir près du lit. Sans regarder, j’essayais de retrouver mon journal. Je le sortis avec mon crayon. Je feuilletais les pages lentement comme pour revoir mon année devant moi. Un fil de souvenirs passait devant mes yeux. De belles journées, d’autres émotionnelles. Et si mon journal pourrait parler ? Je vis des visages heureux, des mots tachetés de larmes. Mais l’histoire d’aujourd’hui est précieuse, émouvante.
Finalement une page blanche.images

Cher Journal,
Cette nuit, mon bonheur est inexplicable. J’ai été classé premier dans mon pays parmi les campus de toutes les régions. Tu sais ? Quand j’ai reçu la nouvelle, je ne pouvais pas admettre la réalité. J’ai été cloué au sol.
C’était une feuille que j’attendais chaque jour parvenir du campus principal situé à la capitale. On me disait que la feuille sera accrochée sur le panneau. Chaque matin, dès mon arrivée, je me précipitai vers la grande salle. Je jetai un coup d’œil sur le panneau. Désespéré, rien. Ce même acte se répétait quotidiennement jusqu’à devenir un réflexe qu’il fallait accomplir sans penser.
Un jour, j’arrivai à l’université vers dix heures du matin. Je descendis de la voiture. Le temps était si beau aujourd’hui. Les rayons du soleil s’infiltraient dans ma peau pour me réchauffer. Les oiseaux se dressaient sur la barrière du campus comme pour m’accueillir. Je montais l’escalier pas à pas. Je sentis que les escaliers étaient infinis. Je regardais à gauche, à droite. Personne. Les classes allaient débutées après quelques minutes. Il faut que je presse le pas. Je me dirigeai vers la grande salle. Un sentiment d’excitation et d’angoisse me rongea. Les palpitations de mon cœur s’accéléraient. Je sentais que la feuille était finalement accrochée, que je m’attendais à être ébloui. Et si je serais désappointé ? Si toute mon endurance allait disparaitre en une seconde ?
Le panneau était au fond du couloir. Je ne pouvais distinguer que des feuilles blanches accrochées. Je poursuivis mon chemin, les mains frissonnantes. La voie était longue, infinie. Quand je m’approchai, je sentis que le panneau devenait de plus en plus loin. Que se passait-il ? Je sentis que le temps se figeait autour de moi, rien ne bougeait. Je voudrais que l’horloge de la classe devienne paralysée pour que je ne reste pas dehors. Finalement, les écritures sur les feuilles devinrent lisibles peu à peu. Laquelle serait la feuille que j’attendais ?

En haut, je vis une invitation à un concert organise au campus. A gauche et à droite, les horaires des étudiants que je regardais chaque jour en espérant que l’une d’elle serait ma feuille. Lorsque mon regard se fixa sur la feuille d’en bas, le grand désespoir m’envahit.
Il fallait attendre. Attendre quelques jours. Ma flamme d’espoir était immense. J’avais un but.
J’avais fait tant d’efforts pour parvenir là. Tous ces efforts pourraient être récompenses en une seconde. J’attendais cette seconde-là… J’ignorais si d’autres étudiants comme moi auraient aussi réalisé des efforts. Je ne savais ni leurs aptitudes, ni leurs nombres.
Je me préparai le Lundi pour me rendre à l’université. Je me suis levé vers neuf heures puisque mes cours ne débutaient que vers onze heures et demies. J’ai rase, pris mon déjeuner et me suis habille. Ensuite, je fouille a la recherche de mes cahiers et mes feuilles de cours. Les voilà enfin.
Brusquement mon téléphone sonna. C’était ma copine. Pourquoi m’appellerait-elle maintenant ? Aura-t-elle besoin de quelque chose ? Je décrochai dès la deuxième sonnerie.
– Bonjour ! Ça va ?
– Oui, oui. Je voudrais juste te dire que je passai dans le couloir du campus, et j’ai vu ton nom sur une feuille ou t’es classe premier sur toutes les autres facultés. Félicitations mon copain !
– Tu… Tu… Rigoles ?
– Mais, non ! Je te le jure. Je vais prendre une photo de la feuille et te l’envoyer sur WhatsApp.
– Merci beaucoup, j’attends.

Une joie immense emplissait mon cœur. Mes mains frissonnaient, j’attendais le message avec impatience. Apres toute cette attente, la voilà la feuille ? Apres ces efforts, est-ce vraiment ? Mille et mille pensées traversaient ma tête. Je n’avouerai rien avant que mes yeux admirent la feuille.

Mon téléphone fit un « Ping ».

Les mains tremblantes, je le saisis. Je clique sur le nouveau message puis sur la photo reçue. Mes yeux s’écarquillaient, un sourire immense se dessina sur mon visage. Je sentis qu’une joie indescriptible envahit mon cœur. Je ne pouvais pas croire. Mon nom était au sommet de la feuille mis en relief par un marqueur. Avant ce dernier, le numéro « 1 » se dressait. FINALEMENT LA FEUILLE ! FINALEMENT ! DIEU MERCI !
Je sentais que je volais. Je sentais que j’étais dans un autre monde. Je sentais que mon bonheur dépassait toutes les limites. Je sentais que c’était un rêve. Je sentais que c’était une hallucination.
Finalement, je rendrai mes parents fiers de moi. Leur fils a été classe premier parmi les campus de l’université. Ils seraient au comble du bonheur. Ce n’est pas uniquement le fait qu’ils n’allaient rien payer comme scolarité, mais la grande satisfaction qui allait remplir leur cœur. Tant de pensées tournaient dans ma tête. Je suis trop heureux, fier de moi-même et faisant la fierté de mes parents. Mes efforts ont été finalement récompensés.

Oui, cher Journal, ce qui maximisait mon bonheur ce soir est que je pourrai vraiment leur faire retourner une partie minime des dépenses énormes qu’ils ont réalisé sur mon éducation, mon habillement, mes loisirs…

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